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VUE GÉNÉRALE

mais, peu à peu, toute activité indépendante d’esprit disparaît. La philosophie n’a plus le droit d’attirer l’attention. Seules, la théologie et la morale religieuse peuvent paraître au grand jour. Il semble que ce soit pour le christianisme un succès définitif, et c’est en réalité la cause la plus puissante de la diminution intellectuelle et morale qu’il va subir dans les siècles byzantins. Lorsque le monde grec tout entier ne se passionnera plus que pour les disputes d’une orthodoxie subtile, on ne verra plus surgir ni d’Athanase, ni de Chrysostôme. La pensée captive tournera sur elle-même, enfermée dans des discussions stériles, et la morale, privée du contact d’une vie sociale active et intelligente, s’enfermera dans un mysticisme monacal qui ôtera aux consciences leur ressort. Tout cela encore, c’est le byzantinisme, et tout cela est visible déjà sous les belles apparences du ive siècle.

Ainsi, à plusieurs signes, le déclin prochain se laisse deviner. Mais, pendant tout un siècle encore, les forces bienfaisantes l’emportent sur ces causes d’affaiblissement et de décadence. Elles produisent même de grandes choses qu’il faut essayer de mettre ici dans leur jour.

II

La sophistique s’était prolongée et soutenue à travers tout le iiie siècle, sans produire ni professeurs ni orateurs comparables en renommée à ceux de l’âge précédent. Dès le commencement du ive siècle, elle semble se ranimer, et de nouveau s’élèvent de grandes réputations d’école, au moins égales à celles qui avaient brillé au siècle des Antonins.

Toutes les villes de l’Orient grec ont alors leurs maîtres d’éloquence, dont les noms, oubliés aujourd’hui,