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ORIGÈNE

se rattachent étroitement à l’exégèse proprement dite ; car ce ne sont en somme que des commentaires de textes de l’Écriture, et on y retrouve toujours la même méthode d’interprétation allégorique. Mais ces commentaires ont été donnés à l’église, non dans l’école, devant un auditoire plus mélangé, et auquel n’aurait pu convenir un enseignement trop savant. Ils ont donc quelque chose de plus libre, ils visent à édifier et à toucher en même temps qu’à instruire, et par suite le ton en est assez différent. Il ne l’est pas encore autant que nous le voudrions, et la préoccupation dogmatique y demeure beaucoup trop prédominante. En somme, ce qui recommande surtout ces discours, si on ne les juge qu’en littérateur, c’est une sincérité qui exclut toute fausse rhétorique.

Origène a été aussi un apologiste et un polémiste[1]. Le plus connu peut-être de ses ouvrages et l’un des plus considérables est la Réfutation de Celse (Κατὰ Κέλσου (Kata Kelsou)), en huit livres. Il a été question plus haut du Discours vrai composé par Celse au siècle précédent. Le succès de ce livre, qui était une attaque en règle contre le Christianisme, semble avoir été grand. Origène, sur le désir de quelques-uns de ses amis, entreprit de le réfuter. Il prépara d’abord ce travail à loisir, puis, en 246 ou 249, il se décida à l’achever rapidement et à le publier. Nous le possédons encore. C’est une véritable Défense du Christianisme, qui touche à tous les points essentiels. Écrite avec modération et dignité, elle intéresse par le sentiment qui l’anime, par la gravité des questions po-

  1. Eusèbe, Jérôme, Rufin mentionnent de lui diverses controverses avec les hérétiques et un traité contre Valentinien (Dialogus adversus Candidum Valentinianum). On lui a aussi attribué, mais à tort, cinq dialogues contre les Gnostiques, réunis sous le titre commun Adamantii dialogus de rectu in Deum fide, qui semblent dater du commencement du ive siècle ; Harnack, p. 478.