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ORIGÈNE.

profession, tout en inclinant vers un platonisme mystique, qui ne devait pas déplaire au disciple de Clément. Son attitude était différente vingt ans plus tard, lorsqu’il eut pour auditeurs Plotin et l’autre Origène, le néoplatonicien. Mais il y avait au fond tant de ressemblances, quant à la tendance générale, entre le néoplatonisme naissant et le christianisme platonisant, que les divergences pouvaient se dissimuler ou s’ignorer elles-mêmes assez longtemps.

Entre 212 et 215, Origène voyage à plusieurs reprises : il vient en Italie pour visiter l’ancienne église de Pierre, il se rend même en Arabie, mais Alexandrie est toujours son domicile. La sanglante persécution de Caracalla (215-216) l’oblige à quitter cette ville. Il fuit en Palestine, enseigne à Jérusalem et à Césarée, puis revient à Alexandrie. En 218 ou 219, Julia Mammæa, mère du futur empereur Alexandre Sévère, l’appelle à Antioche, pour l’interroger sur le christianisme[1]. De 219 à 230, il continue son enseignement à Alexandrie. En 230, au cours d’un voyage en Grèce, Origène est ordonné prêtre à Jérusalem[2] ; il avait alors près de quarante-six ans. (C’est le temps où commencent ses luttes avec l’autorité ecclésiastique.

De retour à Alexandrie, il est censuré par son évêque Démétrios, accusé d’hérésie, condamné par plusieurs synodes (231-232), et forcé de quitter définitivement son école. Il transporte son enseignement à Césarée de Palestine. Cinq ou six ans plus tard, vers 237 ou 238, au moment de la persécution de Maximin, nous le trouvons caché en Cappadoce ; puis, il revient à Césarée de Palestine et y reprend son enseignement, qui ne paraît avoir été interrompu, durant les dix années suivantes,

  1. Cedrenus, p. 256. D’après Eusèbe, VI, 21, le fait aurait eu lieu peu après 222, lorsque Alexandre était déjà empereur.
  2. Eusèbe, Hist. eccl., VI, 23.