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CHAP. VI. — DE SEPTIME-SÉVÈRE À DIOCLÉTIEN

de Septime Sévère (en 202). Son âme étant déjà à la hauteur de son intelligence. Lui-même exhorta son père Léonidas à ne pas faiblir par souci des siens ; Léonidas subit le martyre[1]. Clément avait dû, dans ces circonstances, délaisser son école. Si jeune que fût encore Origène, l’évêque Démétrios le choisit pour remplacer son maître[2]. Il semble que sa nature ardente ait traversé alors une période d’exaltation, pendant laquelle, si l’on doit en croire le témoignage d’Eusèbe, il n’aurait pas craint de se mutiler lui-même[3]. C’est probablement quelques années plus tard, vers la fin du règne de Sévère, entre 205 et 211 environ, qu’il faut placer ses rapports avec le philosophe Ammonios Saccas, le fondateur du Néoplatonisme[4]. Puisque Ammonios, comme le rapporte Porphyre, fut d’abord chrétien, il paraît probable qu’il l’était encore en ce temps[5] : Origène, dans sa ferveur, n’aurait pas choisi pour maître un homme qu’il aurait consideré comme un apostat ; Ammonios, jeune encore en ce temps, pouvait d’ailleurs demeurer chrétien de

    1re partie, t. I, p. 332-405. — Pour la biographie, Suidas nous donne dans son lexique, au mot Ὀριγένης (Origenês), toute une série de notices empruntées à divers auteurs. La principale de ses sources est Eusèbe ; presque tout le l. VI de l’Hist. ecclés. se rapporte à Origène et se fonde sur des lettres ou sur les souvenirs de témoins oculaires (VI, ch. 2). Nombreuses mentions dans les historiens ecclésiastiques et dans Photius. — Redepennig, Origenes, eine Darstellung seines Lebens und seiner Lehre, Bonn, 1841-46 ; Freppel, Origène, Paris, 1868 et 1875.

  1. Eusèbe, Hist. eccl., VI, ch. ii.
  2. Il tenait alors une école de grammaire ; il l’abandonna lorsqu’il eut la charge de l’école catéchétique : Ibidem et ch. iii, 8.
  3. Les traditions à cet égard étaient fort divergentes. Voir Cedrenus (dans Suidas, p. 1154, Bekker).
  4. Porphyre, dans Eusèbe, Hist. eccl., VI, 19.
  5. Même passage. Porphyre, il est vrai, semble dire qu’il renonça au christianisme « dès qu’il se mit à philosopher » ; mais une telle manière de dater un fait est en réalité fort vague, et Porphyre a intérêt dans ce passage à présenter la conversion d’Ammonios à l’hellénisme comme ayant eu lieu de bonne heure.