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PORPHYRE.

Ces citations même montrent en effet qu’il y développait toute une méthode de vie religieuse, tendant à purifier l'âme et à l’unir à Dieu dans un bonheur éternel[1]. Il paraît bien que ces livres religieux de Porphyre ont été beaucoup lus, puisqu’ils furent si ardemment combattus. Nous en retrouverons l’influence vivace chez l’empereur Julien, au siècle suivant. Jusqu’à un certain point donc, le néoplatonisme, avec Porphyre, a commencé à sortir de l’école ; mais jusqu’à un certain point seulement. Car Porphyre lui-même, quelque supérieur qu’il fût à Plotin comme écrivain, ne semble pas avoir su parler au grand public. Sa philosophie était trop subtile, trop chargée d’érudition, et son génie surtout n’était pas assez original, pour créer une de ces œuvres supérieures dans lesquelles tout un siècle reconnaît l’expression de ses idées latentes et de ses sentiments intimes.

Apres avoir ainsi indiqué son rôle philosophique et religieux, nous pouvons passer plus vite sur les parties secondaires de son œuvre. — Son Histoire de la philosophie (Φιλόσοφος ἱστορία (Philosophos istoria)), en quatre livres, n’était guère en réalité qu’une histoire des origines de la doctrine de Platon. Ce philosophe occupait à lui seul tout le quatrième livre, qui était aussi le dernier. Pour Porphyre, la philosophie s’arrêtait là, Platon ayant définitivement fixé les formules de la vérité[2]. Outre quelques fragments, nous possédons encore un morceau important de cet ouvrage, la Vie de Pythagore, malheureusement mutilée, qui faisait partie du premier livre. En érudit

  1. M. ouv., XIII, ch. xix : Itaque, ne a Christo vinci videretur vitam sanctis pollicente perpetuam, etiam ipse purgatas animas sine ullo ad miserias pristinas reditu in æterna felicitate constituit.
  2. Il est possible cependant qu'il eût indiqué brièvement, en forme de conclusion, les destinées ultérieures de la doctrine platonicienne, car nous voyons qu’il parlait de Plutarque (fr. 19, Nauck).