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CHAP. VI. — DE SEPTIME SÉVÈRE À DIOCLÉTIEN

ainsi l’occasion de connaître presque tous les hommes qui jouaient ou avaient joué un rôle dans les affaires de l’État, et il fut lui-même le témoin des folies du fils de Marc-Aurèle. Ami de Pertinax, il fut de ceux qui le saluèrent empereur en 193. Pertinax le désigna pour la préture, qu’il n’exerça qu’en 194[1]. Déjà, il avait publié un livre Sur les songes et les pronostics (Περὶ τῶν ὀνειράτων ϰαὶ τῶν σημείων) ; Septime-Sévère, alors simple général, l’ayant lu, y avait trouvé des raisons de croire à sa grandeur future, et avait écrit à l’auteur pour le complimenter[2]. Des relations amicales s’étant ainsi établies entre eux, l’avénement de Sévère (à la fin de 193) fut une bonne fortune pour Dion. Il exerça alors sa préture (194) ; et c’est à ce moment qu’il se fit historien.

Un songe lui avait révélé sa vocation[3]. Il écrivit d’abord l’histoire du règne de Commode, et il la soumit à Sévère : l’approbation et les encouragements de l’empereur le décidèrent à étendre son plan ; il entreprit d’écrire toute l’histoire de Rome, depuis les origines jusqu’à son temps. Il mit dix ans à en rassembler les matériaux, de 200 à 209 probablement, puis douze ans à les mettre en ordre et à les rédiger. La plus grande partie de son ouvrage, jusqu’à la mort de Septime-Sévère en 211, était donc achevée vers 221, un peu avant l’avénement d’Alexandre Sévère[4]. Les dix-neuf années du règne de Septime-Sévère ne lui avaient pas apporté de charges nouvelles. Soit que les dispositions de l’empereur à son égard fussent devenues moins favorables depuis qu’il s’était pris d’admiration pour Com-

  1. LXXIII, 1 ; LXXII, 12.
  2. LXXII, 23.
  3. LXXII, 23.
  4. Pour tous ces détails, nous avons son propre témoignage, très précis ; même passage. La date initiale ne peut être déterminée qu’approximativement et par conjecture. Voir Reimar, dissertation citée, p. LXI dans l’édition Teubner.