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CASSIUS LONGIN

(Περὶ ἐπιδειϰτιϰῶν)[1]. Le premier seul paraît devoir lui revenir définitivement[2]. Il y étudie, sans aucune profondeur, mais non sans goût, les diverses formes de l’éloge, d’après les lieux communs qui leur sont propres, et caractérise le style qui leur convient. Des citations assez nombreuses relèvent l’intérêt de l’ouvrage. Le second traité, plus développé, s’attache à classer les formes de l’éloge ou du compliment d’après leur destination. Il nous fournit, comme le précédent, d’assez curieux renseignements sur les habitudes et les méthodes de l’éloquence officielle du temps.

Mais, entre les rhéteurs du iiie siècle, la première place paraît revenir à Cassius Longin, bien que ses œuvres soient presque entièrement perdues[3]. Né probablement avant 220, neveu et héritier du rhéteur Fronton d’Émèse, qui avait professé à Athènes en concurrence avec Apsinès, il appliqua successivement sa vive et souple intelligence à la philosophie, à la rhétorique, à la critique. Sa jeunesse se passa à étudier et à voyager. Il suivit à Alexandrie les leçons des néoplatoniciens Ammonios Saccas et Origène[4]. Devenu chef d’école, à son tour, il fut le maître de Porphyre pour les belles-lettres et la critique, et il paraît l’avoir aimé d’une sincère affection[5]. Il ne semble pas avoir connu personnellement Plotin, mais il lut avec empressement ses écrits, qu’il admirait vivement[6]. Apres avoir enseigné

  1. Rh. Gr., Spengel, III, 329.
  2. Bursian, Der Rhetor Menandros und seine Schriften (Abhandl. d. bayer. Akad. t. XVI, 1882). Il attribue le second traité à un auteur inconnu, d’Alexandria Troas.
  3. Suidas, Λογγῖνος. Cf. Φρόντων Ἐμισηνός et Πορφύριος. Eunape, Vit. Sophist.
  4. Porph., Vie de Plotin, § 20 (Didot).
  5. Voir la fin de la lettre citée par Porphyre, ibid., § 19 et le fragment du Περὶ τέλους, ibid., § 20.
  6. Même lettre.