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CHAP. V. — HELLÉNISME ET CHRISTIANISME

second écrit, qui traite de la Résurrection des morts (Περὶ ἀναστάσεως νεκρῶν)[1]. En s’appuyant sur des arguments purement philosophiques, l’auteur se donne pour tâche de démontrer, d’abord que la résurrection des morts n’est pas impossible, ensuite qu’elle est même exigée par le raisonnement. Ses développements se lisent sans effort et avec intérêt. Nous avons là un christianisme de raison autant que de foi, étroitement rattaché à la bonne tradition hellénique, dont il a la modération et la clarté.

Théophile, peut-être évêque d’Antioche, composa, peu après la mort de Marc-Aurèle (180 ap. J.-C.), trois livres d’instruction chrétienne adressés à un païen nommé Autolycos (Πρὸς Αὐτόλυκον Ἕλληνα περὶ τῆς τῶν Χριστιανῶν πίστεως)[2]. Nous les possédons encore. Moitié exposé, moitié discussion, cet ouvrage est moins une apologie, qu’une sorte d’initiation. L’auteur, qui écrit avec élégance, raisonne clairement, sans beaucoup de force d’ailleurs ni de profondeur. Son œuvre, médiocrement personnelle, intéresse plus l’histoire des dogmes que celle de la littérature.

Au même groupe d’écrivains se rattachent Ariston, auteur du dialogue perdu entre le chrétien Jason et le juif Papiscos (Ἰάσονος καὶ Παπίσκου ἀντιλογία), Miltiade, Méliton, évêque de Sardes, Apollinaire, évêque d’Hiérapolis en Phrygie, qui, tous trois, adressèrent à Marc-Aurèle des apologies pour le christianisme. De toutes ces œuvres, il ne nous reste que des fragments insignifiants. Mais elles attestent encore, par leur nombre du

  1. Les deux écrits d’Athénagoras forment le tome VII du Corpus de Otto. Ils ont été réédités par Schwartz, Leipzig, 1891 (Texte und Untersuchungen).
  2. Renseignements biograph., À Autolyc., I, 14 ; II, 24 ; Eusèbe, Chron., éd. Schœne, II, 110 ; Hist. eccl., IV, 20. Les trois lettres à Autolycos sont dans le Corpus d’Otto, t. VIII. Sur les autres ouvrages de Théophile, voir Bardenhewer, Patrol., 19, 3.