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CHAP. V. — HELLÉNISME ET CHRISTIANISME

était de la même ville que l’ancien Xénophon et qu’il avait les mêmes goûts que lui[1].

Le plus ancien des écrits d’Arrien semble être le recueil des Entretiens d’Épictète (Ἐπικτήτου διατριβαί), en huit livres, dont quatre seulement sont venus jusqu’à nous. Peu après, dut paraître le Manuel (Ἐγχειρίδιον), qui n’est qu’un abrégé des Entretiens, une sorte d’extrait contenant tout l’essentiel des enseignements du maitre. Nous avons étudié ces deux livres à propos d’Épictète ; il n’y a pas lieu d’y revenir ici[2]. Rappelons seulement qu’Arrien n’y est encore que simple rédacteur.

Ce ne fut guère qu’une quinzaine d’années plus tard, pendant son gouvernement de Cappadoce, et probablement sous l’influence de l’empereur Adrien, qu’il commença à devenir vraiment écrivain.

Dès son arrivée dans sa province, en 131, il eut à rendre compte au souverain d’une inspection du littoral entre Trapézonte et Dioscourias. Cette inspection donna lieu à un rapport officiel rédigé en latin, auquel Arrien renvoie deux fois dans son Périple (6, 2 ; 10, 1). Mais le Périple lui-même est autre chose que ce rapport transcrit en grec, bien qu’il le suive de très près. Le rapport, comme nous le voyons par les renvois, s’étendait davantage sur certains détails techniques, que, peut-être, il n’était pas opportun de publier. Le Périple les sup-

  1. Cynégét. 1 : Ὁμώνυμός τε ὢν αὐτῷ καὶ πόλεως τῆς αὐτῆς καὶ ἀμφὶ ταὐτὰ ἀπὸ νέου ἐσπουδακώς. D’ailleurs Arrien avait déjà pris ce nom au temps d’Aurien ; car dans son Périple, adressé à ce prince, il parle de Xénophon l’ancien (Ξενοφῶν ὁ πρεσβύτερος), c. 12 et 25. L’allusion est assez claire. Dans le plan de bataille contre les Alains, il se nomme simplement Xénophon. Il ne se serait pas permis ce jeu d’esprit, en s’adressant à l’empereur, si celui-ci ne l’y eût en quelque sorte invité en le nommant lui-même ainsi. Il est donc bien possible que ce soit l’empereur lettré qui ait inventé ce surnom.
  2. Voir plus haut, p. 460 et suiv.