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CHAP. V. — HELLÉNISME ET CHRISTIANISME

probablement ce mélange de philosophie et de goûts pratiques qui éveilla en lui, lorsqu’il en prit conscience, le sentiment d’une ressemblance naturelle avec Xénophon[1]. Nous ne savons pas au juste quand ni comment cette idée germa dans son esprit, mais il est certain qu’elle finit par exercer une réelle influence sur la direction de sa vie. Arrien était une nature docile, qui ne se sentait sûre de bien faire qu’à la condition de s’appuyer sur une autorité reconnue. Il aima plus complètement encore Épictète, lorsque, grâce à Xénophon, il en eut fait son Socrate.

Une fois entré dans la carrière militaire, il semble avoir parcouru, en qualité d’officier, une bonne partie de l’Empire. Son propre témoignage prouve qu’il connaissait le cours moyen du Danube[2] ; et la manière dont il décrit, dans le Cynégétique, les chasses des Gaulois et des Numides, donne au moins lieu de présumer qu’il avait été en Gaule et en Numidie. Ses services lui valurent la faveur d’Adrien, qui l’éleva aux plus hauts honneurs. Il fut consul vers l’an 130[3]. Puis l’empereur le chargea d’administrer, en qualité de légat, la province de Cappadoce[4]. Cette région était alors menacée par les Alains, peuple de nomades apparentés aux Scythes, qui, depuis un siècle environ, avait succédé aux Sarmates dans la région des steppes, entre la Caspienne et le Tanaïs. Dion Cassius atteste que l’énergique gouverneur sut inspirer à ces barbares une crainte salutaire qui mit fin à leurs invasions[5]. Son Périple du Pont Euxin nous offre une intéressante manifesta-

  1. Doulcet, Quid Xenophonti debuerit Arrianus, Paris, 1882.
  2. Inde, c. 4, § 15.
  3. Consul suffectus ; Borghesi IV, 157. Cf. Suidas et Photius, 58.
  4. Les dates connues de cette légature sont 133 (CIG II 2408) et 137 (20e année du règne d’Adrien, Tactique, c. 44, 3).
  5. Dion, l. LXIX, 15.