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CHAP. IV. — SOPHISTIQUE SOUS LES ANTONINS

Aristide Quintilien, le plus connu de ces spécialistes, a été longtemps considéré comme appartenant au second siècle, en raison des ressemblances que sa doctrine paraissait offrir avec celle des néopythagoriciens[1]. On admet plutôt aujourd’hui qu’il doit être postérieur à Porphyre ou même à Jamblique, ce qui le mettrait au ive siècle[2]. La valeur de son Traité de musique en trois livres (Περὶ Μουσικῆς) vient surtout des sources anciennes dont on y retrouve la trace[3]. — Gaudentios, d’époque incertaine, nous a laissé une Introduction à l’harmonique (Εἰσαγωγὴ ἁρμονική), qui procède d’Aristoxène.


Si l’on embrasse d’un coup d’œil l’ensemble de ces travaux philologiques, on ne peut nier que le second siècle n’ait été singulièrement studieux et que la sophistique n’ait joué le rôle d’un stimulant chez un grand nombre des hommes de ce temps. Mais, d’autre part, cette philologie de la période impériale, qui se montre ici avec ses caractères propres, paraît en somme médiocre, si on la compare à celle de la période alexandrine. Pas un de ceux que nous venons de citer ne saurait être comparé à un Zénodote, à un Aristarque, ni même à un Didyme. Leur science à tous est bien plus assujettie à la tradition, bien moins critique et hardie ; surtout, elle est plus utilitaire, elle semble avoir perdu les hautes visées scientifiques. Ces caractères, nous les retrouverons aussi : chez les érudits qui cultivent alors les dépendances de l’histoire. Et pourtant, ces philologues du second siècle sont encore bien supérieurs à leurs successeurs des siècles suivants. Il est visible que l’hel-

  1. A. Jahn, préf. de son édition d’Aristide.
  2. Art. Aristides Quintilianus de C. von Jan dans Pauly-Wissowa.
  3. Outre l’édition de Meibom, il faut citer pour Aristide Quintilien l’édition partielle de Westphal, dans sa Métrique, I (1867) et l’édition complète de Alb. Jahn, Berlin, 1882.