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CHAP. IV. — SOPHISTIQUE SOUS LES ANTONINS

(Περὶ ποήματος)[1]. Un fragment des Prolégomènes (attribués au philosophe Longin) qui accompagnent ces deux ouvrages, nous apprend qu’Héphestion avait d’abord composé un traité de métrique en quarante-huit livres, qu’il le réduisit ensuite à onze livres, puis à trois, enfin à un seul, qui est justement notre manuel[2]. Si ce témoignage doit être cru, on voit qu’Héphestion, après avoir fait œuvre de savant, voulut mettre ses leçons à la portée des commençants. Il y réussit. Son livre fut adopté dans les siècles suivants pour l’enseignement de la métrique. La doctrine d’Héphestion a les défauts de la théorie métrique de son temps : elle ne va pas au fond des choses, elle en méconnaît même assez souvent la vraie nature ; mais son exposé est clair, ses formules sont précises et appuyées sur des citations. Quant au Traité de la composition poétique, il contient des renseignements précieux sur les diverses manières d’assembler les vers, sur les parties des poèmes, notamment sur la parabase comique[3].

Parmi les musicographes, quelques-uns seulement touchent à l’histoire littéraire ; ce sont ceux qui avaient parlé, à propos de musique, des poètes lyriques. Les autres sont purement des spécialistes qui ne peuvent être étudiés ici.

Denys d’Halicarnasse, le jeune, surnommé le musicien, vivait sous Adrien[4]. Il avait écrit quatorze livres de

  1. Bibliographie en tête de ce chapitre.
  2. Prolégom., fr. 40, Westphal.
  3. Les deux opuscules d’Héphestion nous sont parvenus accompagnés de scolies, qui proviennent d’une double origine ; on les désigne sous le titre de scolies A et scolies B. Les scolies A, plus anciennes, ont presque pour nous la valeur d’un ouvrage original. (Westphal, Préf. p. 7.)
  4. Suidas, Διονύσιος Ἁλικαρνασσεύς. Il n’y a pas de raison bien probante pour l’identifier à l’atticiste Ælios Dionysos, sinon que celui-ci était sophiste aussi, qu’il vivait aussi sous Adrien, et qu’il était peut-être aussi d’Halicarnasse, puisque Suidas dit qu’il