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GRAMMAIRE : APOLLONIOS DYSCOLE

Apollonios, surnommé Δύσκολος (le difficile), était un grammairien d’Alexandrie, qui enseignait dans cette ville au temps d’Adrien. Nous ignorons tout de sa vie, mais son œuvre nous est assez bien connue[1]. Sans avoir peut-être encore l’idée de constituer un cours de grammaire complet d’après un plan méthodique, il entreprit du moins d’approfondir, dans des écrits spéciaux, la plupart des points de la grammaire d’alors. Beaucoup de ces écrits se sont perdus. Les seuls que nous possédions sont les quatre suivants : Du Pronom (Περὶ Ἀντωνυμίας), Des Adverbes (Περὶ Ἐπιρρημάτων), Des conjonctions (Περὶ Συνδέσμων), et enfin la Syntaxe (Περὶ Συντάξεως) en quatre livres. Les plus importants, avec ce dernier, étaient les traités perdus Sur la division des parties du discours (Περὶ μερισμοῦ τῶν τοῦ λόγου μερῶν) en quatre livres, Sur le nom (Περὶ ὀνομάτων) et Sur le verbe (Περὶ ρημάτων). Ce serait sortir de notre sujet que d’étudier ici en détail la doctrine et la méthode grammaticales d’Apollonios. Ce qui le distingue, en un mot, c’est moins d’avoir fait définitivement de la grammaire une discipline spéciale, que de l'avoir constituée comme science par une série de théories réfléchies. Doué d’une faculté d’analyse remarquable, il a commencé à se rendre compte, bien mieux qu’on ne l’avait fait avant lui, de la vraie nature du langage et de ses éléments. Grâce à lui, certaines explications routinières ont disparu à jamais, et, en revanche, beaucoup de vérités ont été solidement établies, soit par des vues heureuses, soit par de bonnes définitions, qui ont montré les faits sous leur vrai jour[2]. C’est là un mérite qu’il

  1. Suidas, Ἀπολλώνιος ; Βίος anonyme. É. Egger, Apollonius Dyscole, Essai sur l’histoire des théories grammaticales dans l’antiquité, Paris, 1854. — Pauly-Wissowa, Apollonius, 81, article substantiel de Cohn, contenant une bonne bibliographie.
  2. Voir par exemple (Syntaxe, I, p. 23 Bekker) comment il réfute