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CHAP. IV. — SOPHISTIQUE SOUS LES ANTONINS

mogène a eu dans les derniers siècles de l’hellénisme une réputation durable : toute la rhétorique pratique était comme condensée dans ses écrits sous une forme élémentaire ; il en devint le représentant par excellence. De siècle en siècle, les professeurs ne crurent pouvoir mieux faire que de répéter ce qu’il avait dit ou de le commenter. Citons, parmi ces commentateurs, le phrygien Métrophanès, de date inconnue, dont l’ouvrage est perdu[1] ; le néoplatonicien Syrianos[2] et le sophiste Sopatros au ve siècle ; les critiques Marcellinos, Troïlos, enfin plusieurs Byzantins, dont les plus connus sont Grégoire de Corinthe et Planude[3]. Cette longue popularité prouve simplement qu’Hermogène a contribué plus que personne à faire de la rhétorique, autrefois vivante, une scolastique immuable et stérile.


Les maîtres de rhétorique, qui étudiaient les méthodes du discours, avaient pour auxiliaires naturels les grammairiens, qui déterminaient les règles du langage, et les lexicographes, qui établissaient en quelque sorte l’état civil des mots. La grammaire et la lexicographie, fort actives au second siècle sont aussi en ce temps, l’une et l’autre, en rapports plus étroits que jamais avec la littérature.

La théorie grammaticale, comme on l’a vu plus haut, semble être restée longtemps ce que l’avait faite Denys le Thrace au premier siècle avant notre ère. Au second siècle seulement, un progrès important se produit avec Apollonios Dyscole et son fils Hérodien, probablement sous l’influence de la rhétorique et de ses méthodes d’analyse.

  1. Suidas, Μητροφάνης Εὐκαρπίας.
  2. Dernière édition : Hugo Rabe, Syriani in Hermogenem commentaria (Bibl. Teubner), 1894.
  3. Leurs commentaires ont été recueillis, au moins partiellement, dans les Rhet. græci de Walz.