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CHAP. IV. — SOPHISTIQUE SOUS LES ANTONINS

toute cette poésie épique semble avoir eu peu de succès. Rhétorique pour rhétorique, celle qui était en prose valait encore mieux et dispensait de l’autre.

Mieux partagée que l’épopée, la poésie didactique avait au moins un mérite d’utilité ; elle apprenait quelque chose à ses lecteurs. C’est peut-être ce qui a fait vivre quelques-unes des nombreuses œuvres qu’elle produisit en ce siècle.

Denys d’Alexandrie, surnommé le Périégète, est surtout connu par le poème géographique qu’il composa sous Adrien[1]. Son père, appelé aussi Denys, était peut-être le grammairien qui, selon Suidas, fut bibliothécaire et secrétaire des empereurs, depuis Néron jusqu’à Trajan[2]. Son poème est un Tour du monde (Περιήγησις τῆς οἱκουμένης) en 1 187 hexamètres, élégants et bien tournés, où il décrit à grands traits, d’après la carte d’Ératosthène, la Libye, l’Europe et l’Asie. Le mérite de la forme, joint à la concision substantielle de l’exposé, lui valut de devenir un livre d’enseignement et d’être abondamment commenté. Il nous est parvenu accompagné de scolies diverses, d’un commentaire d’Eustathe, d’une paraphrase grecque anonyme. Nous en avons de plus deux traductions latines en vers, l’une du ive siècle, due à Rufus Festus Avienus (Descriptio orbis), l’autre du vie siècle, œuvre du grammairien Priscianus[3].

    tribue ces poèmes à son auteur (éd. C. Müller, p. 427) ; mais cette opinion est réfutée par Eustathe, Comment. de Denys le Périég., p. 81.

  1. On a longtemps multiplié les conjectures sur son origine et sur le temps où il a vécu. Ces doutes ont été levés par une petite découverte de Leue, Philol. 42, 175. Les vers 112-134 forment un acrostiche qui se lit : Διουσιίου (sic) τῶν ἐντὸς Φάρου (fils de Dionysios d’Alexandrie) ; et les vers 522-532 en forment un autre qui donne : Ἐπὶ Ἁδριανοῦ. Cf. scol. éd. C. Müller, p. 427.
  2. Suidas, Διονύσιος Ἀλεξανδρεὺς ὁ Γλαύκου υἱός.
  3. Ces traductions, avec la paraphrase latine, le commentaire d’Eustathe et les scolies, font suite au texte de la Περιήγησις, dans l’édition de C. Müller, Geogr. gr. minores, t. II.