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MAXIME DE TYR.

de la valeur durable des idées ; ses écrits sont restés longtemps comme une partie du patrimoine hellénique, et, aujourd’hui même, ils ne peuvent être entièrement négligés de ceux qui veulent le bien connaître.


Fort inférieur à Ælius Aristide, Maxime de Tyr ne nous intéresserait guère aujourd’hui, si ses écrits ne nous montraient à quel point la philosophie elle-même, en ce temps, pouvait être sous la dépendance de la sophistique.

Tous ce que nous savons de lui, c’est qu’il était originaire de Tyr, qu’il vint à Rome plusieurs fois et qu’il y séjourna sous Commode[1]. Philosophe platonicien[2], il semble avoir passé une bonne partie au moins de sa vie à voyager et à donner des conférences[3]. Les quarante-et-une dissertations (Διαλέξεις) qui nous restent de lui suffisent amplement à nous donner une idée juste de ce que fut son enseignement. Bien qu’il définisse très gravement l’éloquence philosophique et qu’il la veuille avant tout sérieuse et tournée vers l’efficacité pratique (Or. VII, c. 8), personne en ce temps n’a été plus esclave de toutes les frivolités de la rhétorique à la mode. Son style, d’une coquetterie laborieuse, rappelle la manière de Gorgias par ses affectations de symétrie. La

  1. Suidas, Μάξιμος Τύριος φιλόσοφος. Syncelle (331 A), d’après Eusèbe, le fait vivre sous Antonin ; mais il semble qu’Eusèbe l’a confondu avec le stoïcien Maxime, qui fut un des maîtres de Marc-Aurèle. Les six premiers discours du recueil portent le titre : Τῶν ἐν Ῥώμῃ διαλέξεων τῆς πρώτης ἐπιδημίας ; ce qui prouve qu’il y fit plusieurs séjours distincts. Il est fort douteux qu’il puisse être identifié, comme le voulait Bergk (Griech. Litt., IV, p. 551, n. 45, avec le Σιδώνιος σοφιστὴς dont il est question dans le Demonax de Lucien, c. 44.
  2. Il est appelé πλατωνικός φιλόσοφος : dans le titre commun des six premières dissertations. Il professe du reste très haut son admiration pour Platon (Or. 17, c. 1 et Or. 27, c. 4.)
  3. Voyez notamment Or. VIII, 8 ; souvenirs d’Arabie et de Phrygie.