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DIVERSES ESPÈCES DE DISCOURS

pliments les plus hyperboliques paraissaient à peine suffisants.


La nature de ces discours était assez variée. Souvent, ils ne différaient en rien par les sujets de ceux qu’on prononçait dans les écoles. C’étaient des exercices (Μελέται), et on les appelait communément ainsi. Volontiers, on en prenait la matière dans l’histoire grecque, de manière à mettre en scène des personnages connus et des circonstances dramatiques. On faisait parler Solon demandant qu’on effaçât ses lois, puisque Pisistrate avait supprimé la liberté ; Xénophon, réclamant le droit de mourir avec Socrate ; Démosthène, jurant qu’il n’avait pas reçu cinquante talents d’Alexandre ; ou encore un Spartiate, conseillant à ses compatriotes de ne pas recevoir dans la cité les prisonniers de Sphactérie[1]. L’histoire y était traitée fort librement. On lui demandait de fournir des personnages et une situation ; mais on en modifiait les données et on créait sans se gêner des circonstances de fantaisie. Certains sujets, comme ceux qui viennent d’être cités, plaisaient, parce qu’ils fournissaient matière à de beaux sentiments. D’autres, au contraire, parce qu’ils semblaient ingrats et par la même faisaient valoir d’autant plus le mérite d’invention de l’orateur. Polémon avait composé le discours d’un des alliés de Sparte, conseillant, après la victoire d’Ægos Potamos, de détruire Athènes et de disperser les Athéniens dans les dèmes[2].

À côté de ces harangues pseudo-historiques, figuraient les plaidoyers fictifs, qui étaient censés prononcés devant des tribunaux imaginaires et qui s’appuyaient le plus souvent sur une législation de fantaisie. C’étaient les sujets juridiques (ὑποθέσεις δικανικαί), dont les Controverses

  1. Voir Philostr., V. S., passim.
  2. Ibid., I, c. 25, 7.