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CHAP. IV. — SOPHISTIQUE SOUS LES ANTONINS

tithèses, à des jeux d’esprit ridicules, à des fanfaronnades et à des hyperboles enfantines.

Un peu plus jeune que Polémon, Hérode Atticus[1] surpassa en célébrité tous les sophistes de ce temps. Né vers 403, à Marathon, d’une illustre famille athénienne, il dut à son père Atticus, avec une immense fortune, le goût passionné de l’éloquence. Ses maîtres furent Scopélien et Favorinus ; plus tard, il entendit Polémon et profita de ses exemples, mais il ne fut jamais son élève à proprement parler. Dès le temps d’Adrien, il occupa d’importantes fonctions publiques ; ce prince lui donna la surveillance sur les villes libres d’Asie, au temps où Antonin était gouverneur de cette province. Malgré un différend qui s’était produit entre eux, Antonin, devenu empereur, lui conféra la dignité consulaire en 143. Nous ne savons pas au juste en quel temps il séjourna à Rome, mais il est certain qu’il s’y fit applaudir comme improvisateur[2]. Parvenu, jeune encore, au faîte des honneurs, il devint le bienfaiteur de la Grèce et en particulier d’Athènes. Ses libéralités étaient immenses ; les monuments qu’il éleva excitaient l’admiration universelle. Parmi les plus célèbres, citons le Stade de l’Ilissos et l’Odéon. Malgré ses largesses, il eut des ennemis qui l’attaquèrent violemment auprès de l’empereur Marc-Aurèle, sans réussir à lui faire perdre la faveur de ce prince. Il vécut sous son règne, comme il avait vécu, sous celui d’Antonin, soit à Athènes même, soit, en été, dans sa magnifique villa de Képhisia[3], partageant son temps entre les exercices professionnels, l’enseignement de son art

  1. Philostrate, V. S., II, 1. Suidas, Ἡρώδης. — Vidal-Lablache, Hérode Atticus, Paris, 1872.
  2. Philostr., V. des Soph., II, c. 3.
  3. Aulu-Gelle, XVIII, 10 : In Herodis villam quæ est in agro attico, loco qui appellatur Cephisiæ, aquis et nemoribus frequentem, æstu anni medio concesseram. — Sur les ruines de cette villa, cf. Vidal-Lablache, op. cit., p. 6.