Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t5.djvu/492

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
474
CHAP. III. — RENAISSANCE AU IIe SIÈCLE

tif. Toutefois on peut y distinguer trois groupes assez caractérisés : les discours sophistiques, les discours politiques et les discours moraux.

Le premier groupe appartient manifestement dans son ensemble à la première période de la vie de Dion, antérieure à son exil[1]. Il n’est représenté dans notre recueil que par un assez petit nombre de morceaux[2], auxquels on peut joindre l’analyse que Synesios nous a laissée d’un Éloge de la Chevelure[3]. Nous savons que Dion avait composé bon nombre d’ouvrages de ce genre. On citait une Description de Tempé, un Memnon, un Éloge du Moucheron, un Éloge du Perroquet[4], où il semble que Dion eût déployé toute l’habileté, passablement puérile, des sophistes à la mode. Ce qu’il valait dans ces exercices, nous pouvons encore en juger par son Discours aux Troyens (Τρωικός, or. II) où il démontre qu’Ilion n’a jamais été pris par les Achéens. Les ressources de son argumentation, dans ce jeu de dialectique paradoxale, sont étonnantes ; mais on demeure confondu qu’un homme de valeur ait jamais pu employer son esprit à de pareilles choses. Son œuvre la plus célèbre en ce genre était un discours Contre les philosophes ; il y démontrait avec vigueur que le bon sens valait mieux pour vivre que la philosophie ; et il avait complété cette démonstration par un Discours à Musonius, conçu dans le même esprit[5]. Ce qui faisait la force de cette attaque,

  1. Synesios, Dio, pass. cité.
  2. Citons particulièrement les numéros 41, 24, 26, 28 et 29, 58, 60, 64, 66, 74, 76.
  3. Synesios, Éloge de la calvitie (Dionis orationes, Teubner, t. II, p.  308).
  4. Synesios et Philostrate.
  5. Synesios, Dio, p. 321 ; Ὁ κατὰ τῶν φιλοσόφων λόγος… σφόδρα ἀπηγκωνισμένος καὶ οὐδὲν σχῆμα ὀκνήσας, καὶ ὁ πρὸς Μουσώνιον ἕτερος τοιοῦτος. Cf. p. 325 : Οὖτός τε ὁ Δίων ἤκμασε μάλιστα ἐν τῷ κατὰ τῶν φιλοσόφων. H. von Arnim (ouv. cité, p. 449 et suiv.) a cherché à éta-