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CHAPITRE II. — D’AUGUSTE À DOMITIEN

livres, embrasse toute l’histoire des Juifs, depuis la création du monde jusqu’à la douzième année du règne de Néron (66 ap. J.-C.), où elle se relie à la guerre racontée précédemment. Les dix premiers livres conduisent le lecteur jusqu’à la captivité de Babylone. Puis, à mesure que les événements se rapprochent, le récit s’étend. La vie d’Hérode le Grand remplit près de quatre livres (XIV-XVII). Les trois derniers racontent l’histoire des fils d’Hérode et celle de la Judée sous Auguste, Tibère, Caligula, Claude et Néron. Toute la première partie de l’ouvrage n’est guère, comme l’auteur le déclare lui-même, qu’une transcription abrégée de l’Ancien Testament[1]. La seconde a été rédigée d’après des sources variées, parmi lesquelles il faut citer d’une part un certain nombre d’historiens grecs, dont Nicolas de Damas, d’autre part des documents juifs, tels que les listes des grands prêtres[2].

On comprend que les premiers livres aient pu offrir un intérêt de curiosité à des Romains et à des Grecs qui ne lisaient pas l’Ancien Testament. Mais cet intérêt a disparu depuis que la Bible est dans toutes les mains. Le récit de Joseph est une sorte d’« histoire sainte », sans originalité, une pâle et médiocre transcription, qui n’a ni la naïveté, ni la grâce, ni la grandeur du texte original. La rhétorique des écoles s’y mêle plus d’une fois, d’une façon puérile, à la simplicité biblique. Abraham fait un discours à son fils avant de l’immoler, et Isaac y répond, comme dans les tragédies, par de nobles paroles[3]. D’un autre côté, les choses importantes à signaler ne sont pas traitées comme elles auraient dû l’être. Les pages relatives à la législation de Moïse ne sont qu’un exposé

  1. C. Apion, I, 10 : Τὴν μὲν γὰρ ἀρχαιολογίαν ἐκ τῶν ἱερῶν γραμμάτων μεθηρμήνευκα. Cf. Antiq. juive, Préf., 2 ; et C. Apion, I, 1.
  2. Antiq. juive, l. XX, ch. xii, Cf. C. Apion, I, 8.
  3. L. I, ch. xiii, § 3 et 4.