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CHAPITRE II. — D’AUGUSTE À DOMITIEN

plusieurs traités qui le complètent (Sur l’humanité, Sur le repentir, Sur la noblesse). Tous ces écrits s’adressaient aux païens qui se sentaient attirés vers le judaïsme. Philon y combattait leurs préjugés et leur ouvrait la voie, soit en leur faisant connaître le législateur d’Israël et sa doctrine, soit en répondant à leurs doutes et à leurs objections. — Dans les Ὑποθετικά, aujourd’hui perdus, il semble qu’ayant un dessein analogue, il en poursuivait l’accomplissement par une méthode un peu différente[1]. — C’était encore une pensée de propagande qui lui avait fait composer cette Apologie des Juifs, à laquelle Eusèbe rapporte le fragment qu’il nous a transmis Sur les Esséniens. Il semble naturel d’y rattacher aussi le traité Sur la vie contemplative, dont l’authenticité a été si vivement discutée, mais qui paraît bien porter son empreinte personnelle. — Le récit de l’Ambassade à Caligula, si intéressant, et l’écrit Sur Flaccus, sont deux ouvrages très voisins des précédents par l’esprit, mais distincts pourtant, et indépendants l’un de l’autre. — Enfin, il convient de mettre dans le même groupe quelques ouvrages philosophiques, qui s’adressent aussi à un public mêlé, aux païens aussi bien qu’aux juifs, et même plutôt aux païens. Tels sont l’écrit perdu Sur l’esclavage de l’insensé, celui que nous possédons Sur la liberté du sage, s’il est réellement de Philon, enfin les Traités sur la Providence et l’Alexandre, traduits de l’arménien, et à propos desquels il convient de faire toutes les réserves nécessaires quant à leur forme primitive.

Cette immense série d’écrits témoigne non seulement d’une merveilleuse activité, mais aussi d’une remarquable puissance d’esprit. On y sent partout de larges pensées et de grands desseins, qui se développent avec ampleur et patience, sans précipitation, sans sursauts, sans

  1. Le titre de cet ouvrage est fort obscur pour nous et a été interprété diversement.