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CHAPITRE II. — D’AUGUSTE À DOMITIEN

ouvrages nous sont mieux connus. Théon, par exemple, qui probablement tint école de grammaire sous Auguste, doit une certaine notoriété à ses scolies, souvent citées, sur les poètes tragiques et comiques ainsi que sur Apollonios de Rhodes, et à son Lexique de la tragédie et de la comédie. Il semble avoir été un de ceux avec qui commença cette littérature de lexiques spéciaux, qui va se continuer à travers toute la période impériale[1]. — En ce genre, un des plus notables grammairiens des débuts de l’Empire, est Pamphilos d’Alexandrie, un peu postérieur à Théon. Son ouvrage Sur les expressions rares (Περὶ γλωσσῶν ἤτοι λέξεων), immense recueil en 95 livres, était une sorte de monument élevé par l’érudition à la littérature classique ; et nous voyons, en fait, que les philologues des siècles suivants n’ont cessé d’y puiser comme dans un trésor[2]. — Très au dessous de lui, on peut nommer aussi Érotien, qui composa sous Néron un Lexique d’Hippocrate, venu jusqu’à nous[3].

Dans le groupe plus intéressant des commentateurs d’Homère, mentionnons d’abord : Ptolémée d’Ascalon, qui semble avoir vécu et enseigné à Rome au temps de César[4] ; Séleucos, surnommé « l’Homérique », un des

  1. Suidas, Ἀπίων. Cf. Hesychios, Lexique, préface, et Apollon. de Rhodes, Argonaut., p. 532, l. 16 de l’édition Merkel. Giese, De Theone grammatico, 1861.
  2. Suidas, Παμφίλος Ἀλεξανδρεύς. Voir en particulier Athénée, qui l’a mis sans cesse à contribution. Outre divers commentaires, Pamphilos avait écrit aussi un Manuel de critique (τέχνη κριτική), dont il ne reste rien.
  3. Érotianos, τῶν παρ’ Ἱπποκράτει λέξεων συναγωγή, édition de Klein, Leipzig, 1865.
  4. Suidas, Πτολεμαῖος Ἀσκαλωνίτης. Son traité Sur La diorthose d’Homère par Aristarque est souvent cité par Eustathe. Les scolies de l’Iliade se réfèrent aussi, en plusieurs passages, à un écrit de lui Sur l’accentuation homérique. Le titre de son traité perdu Sur l’hellénisme ou l’art de parler correctement (περὶ Ἑλληνισμοῦ ἤτοι ὀρθοεπίας) est intéressant, en ce qu’il montre comment les philologues d’alors avaient à défendre la langue grecque contre l’invasion du néologisme et des mauvaises prononciations.