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DIODORE DE SICILE

somme, sur un total de quarante livres, quinze seulement subsistent, c’est-à-dire un peu plus du tiers de l’ouvrage.

Lorsqu’on embrasse du regard ce vaste ensemble, si justement dénommé « bibliothèque », il est difficile de ne pas éprouver quelque admiration pour la force de travail de celui qui l’a exécuté et quelque reconnaissance pour le service qu’il nous a rendu par là. Son ouvrage a été dès son apparition, et il est devenu de plus en plus, à mesure que d’autres disparaissaient, la plus abondante source d’informations pour l’histoire des peuples anciens. Beaucoup lu sous l’empire, il valut à son auteur une renommée méritée[1]. Cette renommée s’est perpétuée jusqu’aux temps modernes ; mais elle y a été vivement contestée. Dès l’époque de la Renaissance, Diodore a rencontré à la fois des admirateurs et des critiques[2]. Et, mieux on s’est rendu compte des vraies conditions du travail historique, plus, il faut l’avouer, on s’est montré sévère à son égard. Juste au fond, cette sévérité a été quelquefois exagérée, et nous devons essayer de la ramener ici à la vraie mesure. Il est certain d’abord qu’une entreprise comme celle de Diodore offrait des difficultés de plusieurs sortes, dont il ne paraît pas s’être douté, et dont, en tout cas, il était hors d’état de se tirer. La première était celle de la

    ment d’extraits faits au xviie siècle par Hœschel (Eclogæ Hœschelianæ) ; pour les livres 31-40, nous avons les analyses de Photius (cod. 244) et divers extraits provenant des compilations de Constantin Porphyrogénète. Les autres fragments sont des citations dues aux historiens chrétiens et byzantins.

  1. Ps. Justin, Cohortatio ad Græcos, p. 44 B Otto : Ὁ ἐνδοξότατος δὲ παρ’ ὑμῖν τῶν ἱστοριογραφῶν Διόδωρος. Eusèbe, Prép. évang., I, 6 : ὁ Σικελιώτης Διόδωρος γνωριμώτατος ἀνήρ.
  2. Voir dans le Diodore de Dindorf, t. V, l’essai de Gatterer De operis historici a Diodore compositi genera ac virtutibus, où les principaux jugements sur Diodore sont rapportés et discutés (p. 298 et suiv.).