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CHAPITRE II. — D’AUGUSTE À DOMITIEN

gagé quelque chose d’original, qui ne peut être confondu ni avec le stoïcisme d’un Chrysippe, ni avec l’ascétisme mystique des néoplatoniciens. Enfin, pour ne parler que du goût, le génie des Romains répugnait plus que celui des Grecs à l’afféterie, au verbiage vide et sonore ; il avait quelque chose de solide et de sain ; et nous allons entendre les Grecs eux-mêmes reconnaître que son influence n’a pas peu contribué à cette renaissance de l’atticisme dont nous aurons à nous occuper presque immédiatement.

II

Le premier écrivain qui se présente à nous, moins pour raison de chronologie que parce qu’il tient très étroitement à la période antérieure, c’est Diodore de Sicile. Abréviateur des historiens qui l’avaient précédé, ce n’est pas assez de dire qu’il dépend d’eux, car en réalité son œuvre n’existe que par la leur, dont elle n’est, à proprement parler, qu’une appropriation. Mais, d’autre part, cette œuvre est née à Rome, et, dans une certaine mesure, elle est marquée de l’empreinte romaine. Par là, elle se prête à être regardée comme la première où se révèle le caractère, médiocrement original d’ailleurs, du premier siècle de l’Empire.

Né vers l’an 90 à Agyrium en Sicile[1], Diodore, grec

  1. Nos renseignements biographiques sur Diodore sont très pauvres. Une notice de Suidas (Διόδωρος Σικελιώτης), en trois lignes, nous apprend seulement qu’il vivait sous Auguste et auparavant. Photius (cod. 70 et 244) analyse une partie de ses histoires, mais ne nous apprend à peu près rien sur lui. Nos meilleurs renseignements sont ceux que Diodore nous a donnés lui-même. La date approximative de sa naissance ne peut être obtenue que par une déduction résultant des faits que nous relatons dans le texte. Sa Bibliothèque dut paraître vers l’an 30. Il y avait travaillé 30 ans.