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CHAPITRE Ier. — PÉRIODE DE L’EMPIRE

les périodes précédentes. Des époques assez brillantes y apparaissent entre des époques de médiocrité générale. Le second siècle et le quatrième produisent dans divers genres des séries d’œuvres remarquables ; le troisième, tout désolé qu’il est par l’anarchie, peut se glorifier d’Origène, de Dion Cassius, de Plotin et de Porphyre. Mais le premier siècle est pauvre, le cinquième et les suivants sont de plus en plus stériles. Comment s’orienter au milieu de ces alternatives ? Quelle est la formule de cette évolution obscure et compliquée ?

Pourtant, les événements de l’histoire intellectuelle et morale, si difficiles à débrouiller qu’ils puissent paraître quelquefois, ne flottent pas au hasard. Ils se rattachent à des causes générales qui produisent des mouvements toujours explicables et toujours soumis à une certaine régularité. Et ils n’entrent même dans la science, ils ne deviennent vraiment matière de connaissance intelligente, qu’à la condition d’être mis en rapport avec ces causes et avec ces mouvements. Voilà pourquoi nous ne pouvons nous dispenser ici, avant d’en venir au détail, d’essayer de montrer à grands traits comment s’enchaînent entre elles les époques que nous allons avoir à parcourir.

II

On vient de voir, dans la fin de la période alexandrine, le génie grec s’appauvrir de jour en jour. Certes, les différents États helléniques issus de la monarchie d’Alexandre n’avaient jamais offert à la vie de l’esprit des conditions comparables à celles qu’avait réalisées la Grèce indépendante du ve et du ive siècle. Néanmoins, plusieurs d’entre eux avaient constitué dans les pays de l’Orient des foyers d’hellénisme très actifs.