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CALLIMAQUE

nes, certains poèmes élégiaques, et les épigrammes. Des œuvres dramatiques, il n’est resté aucune trace. Des chants lyriques, il ne subsiste que peu de vers, recueillis par l’Anthologie parmi les épigrammes. Six hymnes, dont un en vers élégiaques, sont arrivés jusqu’à nous, avec soixante-treize épigrammes, et quelques fragments de l’Hécalé[1]. Le plus considérable des poèmes élégiaques de Callimaque était un ouvrage en quatre livres (Αἴτια) c’est-à-dire les causes, ou, si l’on veut, les origines ; sorte de corpus érudit et poétique, recueil de vieilles légendes grecques se rattachant à l’origine de certaines villes, de certaines familles, parfois peut-être de certains usages. Il nous en reste fort peu de fragments textuels. Essayons de regarder d’un peu plus près les débris de la gloire poétique de Callimaque.


Chez un poète aussi savant, on ne sera pas surpris de trouver une théorie littéraire très arrêtée. Callimaque est un chef d’école : il sait parfaitement ce qu’il veut faire et ce qu’il veut éviter. La querelle avec Apollonios, survenue dans ses dernières années, n’est que l’explosion dernière et violente d’une lutte poursuivie pendant toute sa vie contre des tendances littéraires qu’il condamne. Après tant de siècles de littérature, la force de la tradition était immense : beaucoup d’esprits devaient se contenter de marcher sur les traces des maîtres, et de refaire, après Homère, des Iliades, après Antimaque, des Lydés. Callimaque n’est pas de ces imitateurs dociles ; il a le mérite de sentir qu’en art on ne fait rien qui vaille, si l’on ne sait donner une note originale et neuve. « Ne suivons pas, disait-il, les traces d’autrui[2]. » Et encore,

  1. Ceux-ci récemment découverts sur des tablettes en bois. V. plus bas.
  2. Fragm. 293.