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CHAPITRE III. — RHÉTORIQUE, HISTOIRE, ETC.

roi[1], et parfois, comme chez Aristobule, de ces anecdotes-romans qui paraissent avoir été alors fort à la mode. L’une de celles-ci, conservée textuellement par Athénée, est assez longue pour donner quelque idée du style de Charès : il imite visiblement Hérodote dans ce morceau, qui ne manque pas de grâce[2].

Onésicrite, d’Astypalée ou d’Égine, était un philosophe, disciple de Diogène[3]. Il fit partie de l’expédition. Aux Indes, c’est lui qu’Alexandre, à l’en croire, aurait chargé d’aller interroger les brahmanes[4]. Lorsque Néarque fit son célèbre périple, Onésicrite était à bord de la flotte comme chef-pilote[5]. Son histoire passait pour l’œuvre d’un hâbleur[6]. Le plus long morceau qui en subsiste est le récit de son prétendu entretien avec les fakirs, qu’il appelle « gymnosophistes »[7]. Récit fort arrangé, sans doute, mais où beaucoup de choses sont bien vues, et qui est en tout cas d’un homme d’esprit. Si nous étions surpris, comme il dit l’avoir été, de retrouver chez ses fakirs toute la sagesse de Pythagore, de Socrate et de Diogène, nous n’aurions qu’à nous souvenir du joli mot qu’il prête à l’un d’eux : celui-ci disait que, lorsque la vérité doit passer par la bouche de trois interprètes qui comprennent le sens extérieur des mots, mais non leur esprit, il lui est aussi difficile de ne pas s’altérer qu’à une eau de rester pure en coulant à travers un bourbier. La remarque, à cette date, n’était pas d’une intelligence vulgaire.

Callisthène, d’Olynthe, neveu et disciple d’Aristote, était historien de profession autant que philosophe. Il

  1. Fragm. 2.
  2. Fragm. 17.
  3. Diog. L., VI, 84. — Fragm. dans C. Müller, p. 47-57.
  4. Fragm. 10.
  5. Plutarque, Alex., 66. Cf. Arrien, VI, 2, 3 et VII, 5, 6.
  6. Cf. Arrien, VI, 2, 3.
  7. Fragm. 10 (Strabon, XV, p. 715).