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MÉMOIRES MILITAIRES

part que la naïveté dans les récits de ce genre. Ce n’en est pas moins un fâcheux symptôme.

À côté de Ptolémée, trois autres hommes d’état doivent être mentionnés. — D’abord Pyrrhus, le roi d’Épire, dont les Mémoires (Ὑπομνήματα), plusieurs fois cités par les anciens, nous sont à peu près inconnus[1]. — Ensuite Aratos de Sicyone, le stratège de la ligue achéenne, qui avait écrit des Mémoires en trente livres. Son biographe, Plutarque, les mentionne et s’en inspire sans doute le plus souvent. Le style en était négligé[2], mais Polybe en loue la véracité et la clarté[3]. — Enfin Annibal, le célèbre général carthaginois, qui avait composé en grec quelques ouvrages historiques[4].

En dehors de ce premier groupe d’écrits, peu considérable en somme, la littérature historique de ce temps est extrêmement abondante et variée. La curiosité des générations nouvelles est insatiable. La forme et le fond de l’histoire en sont renouvelés à certains égards. Ce n’est plus seulement la vie collective d’une cité, d’un peuple, qu’on raconte, c’est souvent celle d’un homme ; la forme biographique devient fréquente et répond à une conception nouvelle du rôle de l’individu. L’histoire des lettres, celle des arts, tendent à se faire une place à côté de l’histoire des événements politiques. Au milieu de tant d’écrits si divers, il est indispensable, si l’on veut prendre une idée générale un peu nette de l’ensemble, de classer logiquement ce chaos et de répartir par groupes les productions dont nous avons à nous occuper.

  1. Cf. C. Müller, Fragm. Hist. gr., II, p. 161. Le doute de C. Müller sur l’authenticité de cet ouvrage semble peu fondé.
  2. Plutarque, Aratus, 3.
  3. Polybe, II, 40, 1. — Susemihl (I, p. 630) signale, d’après quelques mots de Plutarque, la tendance probablement apologétique de cet ouvrage.
  4. Corn. Nepos, Hannib., 13.