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LE NÉOPLATONISME APRÈS PROCLOS


textes sacrés, qu’il acceptait d’avance pour vrais. Par ses interprétations et ses combinaisons, il a parachevé le Néoplatonisme ; mais, en l’achevant, il l’a rendu incapable de vivre. Ainsi cristallisée, la philosophie de Plotin et de Porphyre est devenue inerte. Et c’est dans cet état d’inertie qu’elle a passé des successeurs de Proclos aux théologiens byzantins.


Après Proclos, toutefois, le Néoplatonisme se perpétue encore pendant environ un siècle. Plusieurs de ses derniers représentants se sont fait quelque notoriété à titre de commentateurs.

Hermias, à la fin du ve siècle, enseigna à Alexandrie, où il composa divers ouvrages d’exégèse platonicienne[1]. Nous avons encore de lui un Commentaire sur le Phèdre, diffus et scolastique, sans profondeur ni originalité[2]. — Au début du vie siècle, un des fils de cet Hermias, Ammonios, qui lui succéda dans sa chaire d’Alexandrie, se distingua, lui aussi, comme commentateur, mais plus encore comme astronome et mathématicien. Il nous reste de lui des commentaires sur plusieurs traités d’Aristote, où l’on trouve, sous le formalisme de l’école, une science véritable[3]. Son influence fut grande : les plus célèbres néoplatoniciens du vie siècle, Damaskios, Simplikios, Asclépios, Olympiodore, Théodote, Jean Philoponos se reconnurent pour ses élèves[4].

  1. Suidas, Ἑρμείας φιλόσοφος (Hermeias philosophos).
  2. Publié dans l’éd. du Phèdre de Fr. Ast, Leipzig, 1810.
  3. Publiés par A. Busse, Comm. in Aristot., græc., IV, 1, Berlin, 1891. Ces commentaires sont fort altérés et interpolés ; l’attribution de tous n’est pas certaine. Voir l’article de Freudenthal sur Ammonios (n° 15) dans Pauly-Wissowa. — Nous avons aussi sous le nom d’Ammonios une Vie d’Aristote qui n’est pas de lui ; publiée par Westermann dans le vol. de la Bibl. Didot qui contient Diogène Laërce.
  4. Scolies d’Asclépios sur Aristote, publiées par Hayduck, Comm. in Aristot., græc., VI, 2, Berlin, 1888.