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CHAP. VIII. — LA FIN DE L’HELLÉNISME

Ce recueil, aujourd’hui incomplet, comprend cinquante lettres, réparties en deux livres[1]. Ces cinquante morceaux n’ont guère, de la lettre proprement dite, que la suscription. En réalité, ce sont ou des descriptions, ou, le plus souvent, de courts récits : descriptions galantes, parmi lesquelles figure celle de la personne de Laïs (I, 1) ; récits d’aventures amoureuses, quelquefois assez piquantes, souvent vulgaires. On ne peut refuser à l’auteur, malgré son élégance maniérée, de la finesse et un certain savoir-faire. Mais il ne vaut Alciphron ni comme observateur, ni comme fantaisiste, ni comme écrivain. Éclectique dans le choix de ses sujets, il les tire, soit de la poésie alexandrine, particulièrement de l’élégie érotique, soit de la comédie attique du ive siècle, soit de contes et d’anecdotes empruntés à des recueils aujourd’hui perdus. Il a plus de métier que d’imagination. Sa langue est loin d’être pure, bien qu’il se pique d’atticisme. Il imite à la fois les prosateurs et les poëtes, Philémon, Ménandre, les anciens et les modernes, d’une part Platon, Xénophon, et de l’autre Lucien, Alciphron, les romanciers, Musée. L’œuvre, au total, ne vaut pas la réputation dont elle a joui auprès des amateurs de littérature galante.

Après Aristénète, la fortune de ce genre est loin d’être épuisée. Nous le retrouvons, très goûté encore, au viie siècle, où le futur historien, Théophylactos Simocattès, publie un recueil comprenant 95 lettres morales, lettres de paysans, lettres de courtisanes (Ἐπιστολαί ἐθικαὶ, ἀγροτικαὶ, ἑταιρικαί) ; œuvre de médiocre habileté

    tions francaises au xviie siècle. Éditions récentes ; Boissonade, Paris, 1822 ; Hercher, Epistol. græci, de Didot, p. 133-171.

  1. La lettre I, 26, mentionne le même Karamallos, dont Sulpice Apollinaire parle comme d’un contemporain. Emprunts d’Aristénète à Achille Tatios (Rohde, Griech. Roman, 19, 473, note 1) et à Musée (C. Dilthey, De Callimachi Cydippa, p. 31).