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568 CHAPITRE XII. — LA THEOGONIE I

6e rÉduil à une peinliire de la conflagration uni%'ep-J selle qui résulte de la luHe. En quelques vers éncr-l gîquGS, le poète nous montre la terre et la mer, le I ciel el les montagnes secoués et bouleversés. Il voit les choses en gros el il les exprime de même, avec plus de force que de variété. L'abondance lui manque, mais 11 a la puissance de l'imagination el une magnificence un peu brujantc, qui produit une vive impression :

<• Au loin, lu K^missement terrible de la mer immense, et le frucas de la lerrc »o\is les coups ; en haut, le mumiure du vjiEiL> ciel ébranle ; en bas, les secousses de la longue ciialne de rOlyinpe, tremblant iious les pieds des Immortels ; de pui»- sanlcs commotions jusqu'au Tarlare ténébreux : le bruit épou- vantable dos pas dans l'indescriptible mêlée, el l'écho sourd des coupf violents. Les uns aux autres, ils se lançaient due projectiles à grand bruit. La voix des combattants montait juBi{u'aux astres, clameurs de colère el d'encouragement; et ils se heurtaient en jetant le cri de guerre à travers l'espace'.»

Dans les belles descriptions homériques, le poète disparaît; on n'oserait dire qu'il en soit de même ici. Cela tient sans doute k ce que l'auteur de ce passage, quand il visait à ces grands effets descrip- tifs et dramatiques, sortait un peu de ses habitudes et de son naturel.

En ce qui concerne la langue, la Théogonie^ com-

. parée aux Travaux, n'offre guère de particularités

notables, sauf peut-être une légère prédominance

des formes dorienncs *. Le vocabulaire en est moins

varié, moins original. Différences qui s'expliquent

1. Théogonie, 67S et Euiv. Dans l'aoalyse qui précède, noua BTODB signalé ce morceau comme une addilîoD probable. Mais ici, noua coDsidérous la Théogonie telle qu'elle est, et les belles addi- tions font partie de la bcaiilc lilléraire du tout.

2. Riflcli, ouv. cilé, p. 46â.

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