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556 CHAPITRE XII. — LA THÉOGONIE

tenté de découper dans des poésies plus anciennes, hymnes ou récits, les morceaux qui convenaient à son dessein, et que tout son travail n'a consisté qu'à les coudre ensemble. L'analyse du poème se prôte-t-elle à cette hypothèse ? Nous n'hésitons pas à dire que non.

Le caractère synthétique et panhellénique de la Théogonie^ tel que nous l'avons signalé tout d'abord, s'y oppose manifestement; et ce caractère, qu'on veuille bien le remarquer, n'éclate pas moins dans les détails que dans Tcnsemble. Prenons par exemple un des morceaux qui sembleraient les plus aisés à détacher du reste, la généalogie de Pontos (233-330). Nous avons, en une centaine de vers, le groupe à peu près complet des divinités ou des personnifi- cations mythologiques qui ont rapport à la mer. Ne pourrait-on pas admettre que c'est là un dévelop- pement complet en lui-même et indépendant à l'ori- gine, que Torganisaleur de la Théogonie s'est con- tenté d'annexer tel quel à d'autres développements du même genre? Qu'on y réfléchisse. A coup sur, on se représente aisément des légendes locales trai- tées ainsi isolciucnl. Si nous trouvions par exemple en un groupe un certain nombre de légendes divines d'origine béotienne ou locrienne, ailleurs des lé- gendes thcssalienncs, ailleurs encore des légendes Cretoises, il serait bien naturel alors de supposer qu'en effet cliacun de ces groupes aurait existé comme poésie religieuse indépendante, avant d'être incoi'poré à la masse commune. Mais en est-il ainsi? Nullement : le groupe que nous étudions renferme des divinités de toute provenance. Ce qui en fait l'unité, c'est que ces divinités appartiennent toutes à une même gi-ande section de l'univers: c'est un des compartiments du Panthéon hellénique, et la

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