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476 CHAPITRE X. — LA POÉSIE HÉSIODIQUE

battu des vagues qui s'élevait un peu au-dessus de la mer : ce rocher a gardé jusqu'à nos jours le nom de Troïlos. Quant au corps d'Hésiode, une troupe de dauphins le prit dès le rivage et le porta vers le Rhlon jusqu'à Molycrie. Les Lo- criens étaient alors réunis pour la fête et la panégyrie des Ariadnées, qu'ils célèbrent encore aujourd'hui à cet endroit avec beaucoup de solennité. Dès que le corps poussé par les flots fut aperçu, tous, surpris, comme il était naturel, accou- rurent au rivage, et ayant reconnu le mort qui n'était pas encore défiguré, ils n'eurent rien de plus pressé que de re- chercher les meurtriers à cause de la gloire d'Hésiode. La recherche fut prompte. Les meurtriers furent précipités vi- vants dans la mer, et leur maison fut détruite. »

Les divergences des autres récits sont ici insi- gnifiantes et la précision des désignations locales semble dénoter une tradition renfermant une part de vérité. Quoi qu'on doive penser des circonstances accessoires, il est donc probable qu'Hésiode passa les dernières années de sa vie chez les Locricns Ozoles, aux environs de Naupacte, et qu'il y mourut\ Il y fut aussi enseveli. Plus tard les Orchoméniens, sur un ordre de l'oracle do Delphes, vinrent y chercher ses restes et les transporlèrent dans leur propre ville*; c'est à Orchomène que Pausanias, au second siècle de notre ère, vit encore le tombeau d'Hésiode^. Selon une autre tradition, ce serait à Ascra que les Orchoméniens seraient allés chercher les restes du poète, après que la bourgade de rilélicon, détruite par les Thespiens, fut devenue

���1. Cf. PluLirquc, De animal, solertia^ c. 13, où il es! encore question de Nnupacte à propos de la légende du cliien d'Hésiode faisant découvrir le meurtrier de sou maître. Pausan., IX, 31 ; Pollux, V, 42.

2. Plutanjue, Banquet, I. c.

3. Pausau., IX, 38.

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