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HESIODE 475

exact, n'en dise rien*. Tout cela, il faut l'avouer, res- semble fort à une fable arrangée peu à peu ; et de là le soupçon d'interpolation élevé contre ce passage des Travaux, Plutarque, dans son Commentaire ^ le rejetait absolument'; et presque tous les critiques modernes se sont ralliés à son opinion : il est en effet non seulement inutile, mais mal amené et mal rattaché au reste. Seulement, en écartant la fable relative à Homère, et en reconnaissant dans les vers en question l'œuvre d'un interpolateur, ne reste-t-il pas au moins une tradition ancienne, dont celui-ci s'est fait l'interprète, et qui n'a rien en elle-même d'inacceptable? Si elle est vraie, ce serait à Chalcis, dans un concours poétique, que le génie d'Hésiode aurait reçu sa plus brillante consécration.

La mort d'Hésiode a été racontée d'une manière à demi fabuleuse par plusieurs auteurs anciens*. La narration la mieux faite est celle que l'on trouve dans le Banquet des sept sages attribué à Plutarque. La voici : à défaut de vérité assurée, elle a une cer- taine grâce qui la recommande au lecteur:

« Un certain Mélésias, avec qui Hésiode partageait le vivre et le couvert chez un hôte commun en Locride, ayant eu des relations secrètes avec la fille de cet hôte, fut découvert. On soupçonna Hésiode d'avoir eu connaissance de la chose dès le début et de l'avoir cachée; bien qu'innocent, il fut victime de la colère et de la calomnie. Les frères de la jeune fille l'attendirent et le tuèrent auprès du Néméon en Locride, et avec lui son serviteur, qui s'appelait Troïlos. Puis leurs corps furent jetés dans la mer. Celui de Troïlos, poussé par les flots jusqu'à l'embouchure du Daphnos, s'arrêta sur un rocher

1. Pausanias, IX, 31.

2. Plutarque, Fragmenta (Didot), Comment, sur Hésiode, c. 26.

3. Proclus, r^vo; 'iliio^ou. — Anouyme, Concours d'Homère et d'Hésiode. — Plut., Banquet des sept Sages, c. 19.

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