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352 CHAPITRE \II. — L'ART DANS L'ODYSSÉE

La narration y tient souvent la place de l'action V On ne peut nier, ce me semble, que le poème par suite ne languisse en plus d'un passage ; on y sent quelquefois ce que l'auteur du Sublime appelle la vieillesse d'Homère, et ce que nous appellerons, nous, l'afTaiblissement, peu sensible encore, mais pourtant réel, de la poésie épique, après le grand effort qui avait produit VIliade.

��II.

��Ces différences générales entre les deux poèmes, nous les retrouvons jusque dans le récit. Non que l'art narratif de YOdyssée soit autre que celui de VIliade: la manière décomposer un récit, de le con- duire à sa fin, de le varier, en un mot l'ensemble des procédés instinctifs ou traditionnels, ne diffère pas sensiblement d'un poème à l'autre. Ce qui est nou- veau dans YOdyssée^ ce n'est pas la forme de la narra- tion, c'est l'esprit du narrateur.

Les grandes scènes à proprement parler, celles qui exaltent puissamment l'imagination et qui nous remuent jusqu'au fond du coeur, y sont aussi rares qu'elles étaient fréquentes dans Y Iliade. Et il ne faut pas dire que cela tient au sujet et à la nature même des choses. Le même sujet pouvait être traité d'une

1. Traité du Sublime ^ chap. vu (traductiou de Boilcau) : « De là vient, ù mon avis, que comme Homère a composé son Iliade durant que son esprit était dans sn plus grande vigueur, tout le corps de son ouvrage est dramatique et plein d'action, au lieu que la meilleure partie de YOdyssée se passe en narrations, qui est le génie de la vieillesse : tellement qu'on peut le comparer dans ce dernier ouvrage au soleil quand il se couche, qui a toujours sa même grandeur, mais qui n'a plus tant d'ardeur ni de force. •

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