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LIVRE XII 295

le sol, Tantale plongé dans son marais, Sisyphe rou- lant une roche pesante sur le flanc d'une montagne. Evidemment ces deux conceptions sont contra- dictoires. Cela suffit à prouver que ce morceau a été ajouté à la Ne>tj(a primitive. Si on le retranche purement et simplement, les derniers vers du livre XI (628-635) se rattachent sans difficulté au départ d'A- jax (v. 568), et la narration commencée s'achève ainsi naturellement.

Ce livre se compose donc en résumé d'un récit d'une grande beauté, dans lequel ont été intercalés trois ou quatre morceaux facilement reconnaissables.

Le douzième livre au contraire est tout entier d'origine plus récente, et nous y retrouvons, à n'en pas douter, le poète du livre X avec sa manière propre. Les événements qui le remplissent sont le retour d'Ulysse et de ses compagnons auprès de Circé, les prédictions et les avertissements de la déesse, le départ, l'épisode des Sirènes, celui de Charybde et de Scylla, l'arrivée dans l'île de Thri- nacie et le sacrilège commis là sur les troupeaux du Soleil, la tempête, la mort des compagnons d'Ulysse, enfin les soulTrances du héros lui-mômc, jeté seul au bout de neuf jours d'épreuves dans l'île de Calypsooùil doit séjourner sept ans. Comme au livre X, tout ici est fantastique. Le goût de l'ex- traordinaire, la recherche du merveilleux pour lui- même s'y révèlent à chaque instant ; et, comme au dixième livre aussi, ce merveilleux prédomine sur l'intérêt moral, qui est médiocre. Avec cela, une géographie purement imaginaire*. Le poète n'a

��1. L'île d'^aea est à l'Orient, car c'est là que le soleil se lève (XII, 3-4). Il est impossible d^accorder cette donnée avec le reste du récit.

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