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SYSTEME DES CHANTS INDEPENDANTS 187

Dugas-Montbel a jointe à sa traduction de Vlliade\ Là, Tunitc primitive est niée hardiment. L'auteur, plein des idées de Wolf et de Vico, se représente les chants qui ont plus tard formé VIliade, comme naissant spontanément à la suite des événements qui en sont l'objet. « A peine dix ans s'étaient écoulés « depuis la chute d'Ilion, écrit-il, que déjà dans les (( palais des rois on chantait chaque jour tout ce que « publiait la renommée sur les triomphes et les infor- « tunes des Grecs... Ce fut dans cette contrée de TA- (( sic Mineure, qui dans la suite reçut le nom d'Ionie, (( que ces poèmes prirent naissance ; ce fut là qu'on (( chanta d'abord la valeur d'Achille, de Diomède, (( des deux Ajax, la puissance d'Agamemnon, le « courage d'Hector et la noble douleur du vieux « Priam. » De là, dans la pensée de l'auteur, autant de récits poétiques distincts et entièrement indépen- dants les uns des autres; et ces récits, selon lui, seraient devenus plus tard V Iliade, grâce à un travail d'élimination, d'addition, de juxtaposition et de rac- cord, qui aurait été quelque peu ébauché déjà par les rhapsodes, plus sérieusement commencé par Solon, mais réellement entrepris et achevé par Pisis- Iralo. Le véritable Homère, pour Dugas-Montbel, se résolvait donc en une multitude de chanteurs, et il exprimait cette idée en s'appropriant une phrase de Vico : (( Si les peuples de la Grèce ont tant discuté « sur la patrie d'Homère, si presque tous le voulu- « rent pour leur concitoyen, c'est que les peuples a grecs furent eux-mêmes cet Homère. »

��t. Edition de Vlliadi'y texte et traductiuu en regard, 9 vol. in-8<*, 1828-1834; V Histoire des poésies homcriffiies est à la fin de l'ou- vrage. Elle a été réimprimée en tête de la même traduction, publiée chez Didot en 1 vol. in-18.

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