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NATURE DES HYMNES 77

laisse deviner quelque chose du développement de la poésie dans la Grèce primitive et de l'opposition contre laquelle les novateurs eurent plus d'une fois à lutter*.

En quoi consistait cette poésie si complètement perdue ? Par quels caractères essentiels se distin- guait-elle des chants héroïques qui devaient naître d'elle ? On ne peut mettre en doute qu'elle ne fût surtout énumérative. Si les témoignages anciens re- latifs aux chants des Muses ne semblent pas décisifs à cet égard, la simple réflexion peut les compléter et les confirmer. La vie morale était encore trop simple et trop naïve pour que chaque poète eût des sentiments personnels à exprimer. L'élément lyri- que, dans ces hymnes, devait donc se réduire à des invocations plus ou moins multipliées; le nom du dieu y revenait souvent, entouré d'épi thètes bril- lantes ou sonores, qui satisfaisaient la piété. Le poète en développait le sens soit par quelque récit rudimentaire, où les faits étaient seulement indi- qués sans aucune peinture de passions, soit par des formules générales qui exprimaient la puissance du dieu. Sans chercher dans la littérature de l'Inde des exemples plus ou moins analogues, nous pouvons en trouver dans la poésie grecque elle-même. 11 ne faut pas songer ici aux hymnes dits homériques, qui sont, comme nous le verrons plus loin, des œuvres d'un genre tout différent, issues de la grande

vraisemblance d'ailleurs, l'invention de la musique purement instrumentale : Cithara sine voce cecinit Thamyris primus.

1. Si la légende de Thamyris fut localisée à Dorion, c'est peut- être que ce lieu, tout proche d'Œchalia, était celui des fêtes où les hymnes étaient chantés. Il est possible aussi que le nom de la rivière voisine Balyra et l'étymologie populaire (ânoCaXXstv T7)v Xupav, Pausau., IV, 1) suffisent à expliquer cette localisation.

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