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76 CHAPITRE PREMIER -^ LES ORIGINES

de chez Eurytos : par suite Otfried Mûller et Bergk ont vu en lui un des premiers aèdes qui seraient allés de palais en palais chanter les légendes héroï- ques, et ils ont considéré sa lutte avec les Muses comme celle de la poésie profane naissante avec l'ancienne poésie religieuse. La légende ne dit rien de cela. Thamyris passait au contraire pour un poète d'un caractère à demi sacerdotal ; nous venons de voir qu'au dire de Pausanias il fut vainqueur au concours de Delphes en chantant un hymne à Apol- lon ; et cette opinion était si bien celle de l'antiquité qu'on lui attribuait une Théologie en trois mille vers*. En outre cette opposition entre la poésie religieuse et la poésie profane n'est guère admissible dans ces temps primitifs, car la seconde célébrait les héros fils des dieux, et par conséquent, bien loin de s'opposer à la première, s'en autorisait au contraire pour la compléter. Il faut traduire autrement la vieille tradition messénienne, et cela parait facile. Andania ou Œchalia a été anciennement un des sanc- tuaires révérés de la Grèce*. Thamyris, en sa qua- lité de chanteur sacré, y composait et y récitait ses hymnes. Sans doute, docile aux influences de l'Orient grec, il se montra novateur dans son art. Une tradi- tion faisait de lui l'inventeur de la quatrième corde de la cithare primitive*. Sans attacher une grande valeur à ce genre d'assertions, on peut croire du moins qu'il n'était pas considéré à tort comme ayant été animé d'un esprit de progrès. C'est sans doute à quelque innovation tentée ou accomplie par lui qu'il faut rapporter la légende en question*. Elle nous

1. Suidas, 0di[jiupiç.

2. Pausan., lY, 1.

3. Diod., III, 59.

4. Pline {Hist. nat., VU, 56) attribue à Tiiamyris, sans aucune

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