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des bienséances et libre d’entraves conventionnelles, il m’est difficile de le croire préoccupé de la seule étude entreprise. Il s’est souvenu des règles de la civilité puérile et honnête et, par la faute de sa mémoire policée, la transposition combinée enlève à son œuvre le plus fort de l’action qu’elle eût dû avoir.

Au reste il faut bien dire à la louange de l’auteur que son subterfuge ne saurait guère nous abuser, mais si nous devinons la vérité ou tout au moins une partie, si nous sommes en mesure d’affirmer qu’Albertine était un garçon, l’identité des autres sexes, de ce fait, ne nous apparaît plus certaine. Cette tricherie tue notre confiance.

Proust, dira-t-on pour sa défense, ne fut pas le seul à user de telles précautions oratoires. Et certes, je puis vous citer l’exemple de ce jeune homme bien élevé qui, désireux de rendre hommage aux compagnons de ses nuits, essaya d’écrire un livre, et parce qu’il