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durable, ne le console non plus jamais par quelque sensation péremptoire et suffisante telle que, par exemple, la sensation de grandeur ou de vérité.

Et pourtant cette chanteuse et moi n’acceptons point de nous mésestimer, même et surtout lorsque nous avouons.

Alors, elle, des sillons de peur par tout le visage, un visage où la débâcle transparente du fard laisse voir les plus secrètes décompositions, en dépit de la volonté des yeux, elle, les mains comme des fleurs malades sur cette poitrine de velours qu’une lassitude déjà creuse, le corps rebelle au sursaut que l’esprit commande, elle, très lente, avec la gravité de qui présente au juge le dernier argument, affirme : « Je vais à tout par des chemins modestes. »

Et moi touché par ces simples mots je voudrais m’agenouiller, baiser la trace de ses pas.

Je répète : « à tout par des chemins modestes. »