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l’amour.

Certains plis gardaient un orient secret. Plantes des pieds qu’une finesse d’épiderme révélait sœurs de mes lèvres, charnières des jarrets, saignée du bras qu’il suffit de caresser pour n’ignorer plus la pitié et toutes ces oasis d’odeur humaine qui persuadent le désir. Ventre creux, ventre de Christ, cuisses polies, colonnes de mystère où s’accomplit le travail des muscles bien réglés. Mes doigts à peine tangents, les laisser aller et, par le sommet de leurs petits monts sensibles, apprendre à connaître les vibrations d’une créature qu’on force à l’amour, au bonheur. Et puis comment ne point vouloir se perdre au sein des pays qu’offre un atlas voluptueux. Cette veine traverse la presqu’île d’une jambe en rivière souterraine. De l’une à l’autre hanche c’est la plaine haletante qui, tout à coup, s’élève pour s’achever par une vallée de tendresse au milieu de l’indolence des monts — pics indéniables ou dômes aux courbes à peine perceptibles — si doucement nommés