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quelque jour délimités, caméléons de formes et de couleurs, lorsque certains reflets sur l’eau séduisent, parce qu’en dépit du désir que nous en avons, nous ne parvenons pas à les fixer et parce que, malgré tout, nous avons décidé de les croire réels, pour justifier l’abus de pouvoir, nous essayons de fabriquer une vérité de l’insaisissable.

Le mouvement continue à déformer objets et êtres autour de nous et les déforme si bien que nous ne les reconnaissons pas. Néanmoins nous parlons de vérité. De vérité relative. Et ce sont des bouquets combinés. Nous assemblons, pauvres fleurs, les suppositions qui nous ont paru propres à distraire, un temps, les moins frivoles. Le tout se fane vite. L’ère des divertissements ne peut durer.

Rien ne prévaut contre cette angoisse dont est pétrie notre chair même et qui, nous desséchant d’une soif de vérité, doucement nous pousse au pays des miroirs absolus : la mort.