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Ernst ne sont que simples portes. Semblable miracle, dans une ville, où tout, jusqu’à la fumée, s’était pétrifié sous une lave glauque, nous fut offert par Giorgio de Chirico. Ses avenues insensibles, creusées au centre même de la terre, son ciel ignorant du chaud et du froid, l’ombre de ses arcades, de ses cheminées, en nous donnant le mépris des apparences, des phénomènes, déjà, nous rendaient plus dignes du rêve où Kant put sentir son âme s’amplifier, en plein vertige nouménal.

Ainsi craquent nos vieux remparts.

L’ombre du mystère, à elle seule, disjoint les plus lourdes pierres.

« Visage perceur de murailles », explique le poète Paul Éluard, et de la planète minuscule, nous partons pour le pays sans limite.

Et il ne s’agit plus de quelque arbitraire mythologie.

Max Ernst a raison qui annonce « Histoire naturelle ». Le Sphinx ne se nourrit pas des mêmes pommes de terre que nos porcs. N’empêche que la Folie n’est point son aliment préféré.

Et l’histoire du rêve, du miracle, l’histoire Surréelle est bien, comme le dit Max Ernst : Une Histoire Naturelle.

Galerie Bernheim, 1er décembre 1928.