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buvait du pétrole. Le soir du pétrole elle a été malade, mais d’un malade à rendre tripes et boyaux. Alors tout de même je me suis permis une petite observation. Elle m’a répondu que c’était pour faire comme la nièce de madame, mademoiselle Cynthia, qui buvait, fumait, prisait des tas de cochonneries, dont la Lucie m’a dit les noms, qui étaient des drôles de noms que je ne rappelle pas. Tout le temps que la rouquine était là, elle lui chipait ses trucs, s’en flanquait un bon vieux coup, puis fermait les yeux, et elle se croyait au paradis. Moi, je lui ai dit que tous ces systèmes c’étaient ni plus ni moins que des poisons, et que, si elle tenait tant à imiter quelqu’un, elle ferait mieux de ne pas choisir la Cynthia. Ouitche. Elle en était coiffée, et maintenant qu’elle ne pouvait plus fouiller dans son bazar à vices, parce que, révérence parlée, elle voulait à tout prix se rendre dingote, elle bouffait du charbon et s’envoyait des lampées de pétrole. Madame pense bien que plus d’une fois je me suis demandée d’où ça pouvait venir pour avoir de tels goûts. Je l’ai souvent questionnée sur sa famille. Elle n’aimait pas ce sujet. Tout ce qu’elle m’a jamais avoué, c’est qu’elle avait un frère qui doit s’occuper dans l’aviation, puisqu’il est, à ce qu’elle prétendait, un monte-en-l’air…