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boniche pincée, j’ai un oncle qui a été adjudant au Sénégal. Il raconte que là-bas les femmes peuvent jeter leurs nichons par-dessus leurs épaules, les faire passer sous les bras, et ramener les bouts par devant. Un sein de négresse, on dirait d’un vieux pneu. Vous trouvez ça drôle.

— Moi, m’en foutre.

Mais, déjà, plus moyen de tirer un mot à la petite Bamboula. Ses yeux blancs qui méprisent le pitchpin de cette lingerie, retrouvent un pays planté de cuisses nerveuses, d’arbres charnels, où les feuilles sont des mains dures et habiles aux caresses. Balloti-Ballotin. Sur une Europe aux toits de zinc tombe une pluie pourrisseuse d’espadrilles et dont la plainte traîtresse accompagne pour un plus grand désespoir la chanson des monte-en-l’air.

Là-bas, en Afrique, s’écrasent de grosses gouttes chaudes qui ressuscitent les couleurs, redonnent aux plantes grises de fatigue une jeunesse verte-vernie, et font mieux accueillantes aux amours du lendemain, les herbes. Le vieux monde, lui, on a beau l’arroser, plus rien n’y pousse. Villes de fer et cœurs de pierre, tout se construit sans chanson. Autour des bâtisses où n’est pas visible un morceau de bois, dans les squares ossifiés nulle surprise