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votre règne. Il faut vous taire. Le silence, oiseau de feutre, fend, blesse le ciel d’un long sillon sournois.

Un révolté, qu’un révolté, un seul, mais un au moins, hurle donc à grands cris d’écarlate.

Tous ont peur. Et toi le premier, l’homme, qui hantais les moulins à chansons, donc devrais aimer le rouge. Mais oui, pardi. Tu te rappelles les soies sauvages que tu nouais autour de ton cou. Hypocrisie. Tu n’avais pas la moindre foi dans la couleur de ton sang. Miniature, va ! Tu t’emmitouflais de violence pourpre, mais simplement rapport aux courants d’air. Tu parlais de risque et tu redoutais des rhumes de cerveau. Tu prétendais aimer les putains, les voyous, leur répertoire, les rues mal famées et tout ce qui chavire, mais la vue d’un rasoir ouvert te faisait claquer des dents, et tu vis allongé depuis des mois sur un balcon-alvéole.

D’un égoïsme à n’entendre que le disque des Turcs, oserais-tu nier que, depuis des semaines et des semaines, plus rien ne t’intéresse,