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SOUVENIRS

des qui-qui fâcheux pour les oreilles délicates. Bourbons-bons ne vaudrait guère mieux pour l’euphonie ; mais ceci ne revient plus aussi souvent que par le passé : les écrivains philosophes et les poètes de ce temps-ci ne nous gâtent pas. Les Montmorency sont si… vous savez bien quoi, que nos auteurs contemporains n’en parlent jamais, ce qui ne leur est pas nuisible, et tant s’en faut ! Mais laissons la grammaire et revenons à cette commission dont je vous ai prié de vous charger. Veuillez bien dire à Mme de Créquy que j’ai découvert qu’elle était l’auteur de ce fameux logogriphe des Étrennes mignonnes, et que je la prie d’y faire insérer cette énigme-ci à la suite de ses estimables productions. C’est une admirable chose, au moins, que ce logogriphe de Mme de Créquy ! Quelle fécondité chimérique et quelle ingénieuse obscurité ! que de mystères ! que j’envierais des ressources de sa muse, — si je pouvais être jaloux d’un talent sans pareil et que je proclame hautement en toute occasion pour supérieur au mien ! N’est-il pas vrai, mon Cousin, que notre genre d’esprit n’est pas apprécié ce qu’il vaut ? Les personnes vulgaires ne peuvent se douter de tout ce qu’il en coûte d’efforts pour bien tortiller une énigme, et c’est à qui dira le plus de mal de notre occupation favorite. Heureux si la critique ne s’étendait pas injustement jusqu’à nos personnes !… Convenez aussi que, à la réserve de nos productions, à Mme de Créquy et à moi, il ne paraît plus rien que de pitoyable ; et, depuis la mort de notre pauvre confrère M. Ramelin, on n’a pas vu sur les bonbons ni dans le Mercure un seul rébus qui ressemble à rien ni une charade qui ait figure humaine. Je vous avouerai avec une franchise qui me coûte beaucoup, dont je n’use guère, mais que je crois devoir à Mme de Créquy à titre de collègue, je vous avouerai que le mot de son dernier logogriphe me