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SOUVENIRS

il en a fait, pendant 14 ans, la plus rude pénitence, et il est mort à Notre-Dame de la Trappe, en 1786.

Le soldat aux gardes fut condamné au supplice de la roue pour avoir arraché par la violence et pour avoir divulgué la déclaration du Curé de Fontenay, qui fut condamné à être brûlé vif pour avoir révélé la confession de son pénitent Jean Boucherie. Voilà qui se trouvait parfaitement conforme aux lois du royaume ; et, si rigoureusement sévère que fût la sentence, elle fut approuvée généralement ; mais, d’après la connaissance que j’avais du caractère de ce bon pasteur, et par un bon effet des sollicitations de mon neveu de Tessé pour le soldat, nous eûmes le bonheur d’obtenir la révision du procès ; qui fut suivie de la grâce de tout le monde, et l’ancien curé, à qui son Évêque avait interdit à tout jamais l’exercice de la confession, fut obligé d’aller s’enfermer à la Chartreuse de Château-Gonthier, où l’on m’a dit qu’il vivait encore en 1788.

Voilà ce que j’avais à vous dire sur les prêtres et les paysans de Fontenay, dont on n’a pas entendu reparler depuis ce temps-là.

À propos de confession révélée, vous saurez que M. l’Abbé Lamourette était un jour à souper chez Mme de Lameth. — Je n’ai jamais confessé qu’une seule fois dans ma vie, se prit-il à dire, et j’ai bien juré qu’on ne m’y reprendrait jamais. C’était une indigne aristocrate ! ah ! grand Dieu ! la nièce d’un Prélat de l’ancien régime, et vous n’avez pas d’idée d’un oncle pareil à celui-là ! Ce prudent législateur de la Constituante avisa pourtant qu’il en