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PAVILLON


1632 — 1705



Neveu de l’évêque d’AIeth, Etienne Pavillon reçut une éducation très-solide. Sa famille le destinait aux grands emplois. Il fut d’abord avocat général au parlement de Metz, et peu s’en fallut que Mazarin ne le désignât pour la charge d’avocat général au parlement de Paris. La fortune sembla un moment le réserver au rôle d’un Omer Talon : mais son humeur prit le dessus sur les ambitions de famille et les avances de la destinée. II se sentit doucement entraîné du côté de Voiture, et suivit sans le moindre regret cette pente fleurie. Etienne Pavillon, qui aurait pu devenir un grand magistrat, peut-être un ministre, devint tout uniment un charmant poëte, un aimable discoureur, un spirituel académicien. Connaissant mieux que personne le Droit romain, les ordonnances royales, les constitutions de l’État, les décrets des papes, les décisions des conciles et les libertés de l’Église gallicane, il profita de tous ces avantages sérieux pour choisir le métier d’oisif, de bel esprit, d’épicurien, de rimeur. On l’a traité de libertin, lui aussi ; je garantis qu’il fut aussi éloigné du libertinage que de la dévotion. Mondain, galant, insouciant et même bachique, à la bonne heure ! Il adressa, du haut de sa chaise de goutteux très-précieux, à Mlle Antoinette-Thérèse Deshoulières, les mêmes préceptes de métaphysique amoureuse que Jean Hesnault avait adressés déjà à la mère de cette jeune muse :

Ne condamnez donc plus les maux que l’amour cause.
. .
Sans examiner autre chose,
Jeune Amarante, engagez-vous.
Vous avez l’esprit grand, le cœur droit et sincère,
Tel qu’il doit être enfin pour bien aimer ;
Tel l’avait votre illustre mère,
Tel est celui d’Iris : il s’est laissé charmer.